fbpx Female Economy - 2. en adoption | ACCOMPAGNEZ-NOUS DANS LA DIVINE TANGER | magazine #5

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2. en adoption | ACCOMPAGNEZ-NOUS DANS LA DIVINE TANGER

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2. en adoption | ACCOMPAGNEZ-NOUS DANS LA DIVINE TANGER

Afin de véritablement comprendre la méthode d’adoption, il faut en faire l’expérience, c’est pourquoi Adelheid a conçu un atelier pour transmettre cette méthode. L’atelier précède généralement un spectacle à proprement dit donné sur place, qui est soutenu localement par une compagnie théâtrale associée, une organisation de quartier, des artistes et des habitants du quartier de la ville dans le pays concerné. Auparavant, la méthode d’adoption a été transmise à des professionnels du théâtre, étudiants en art dramatique et autres artistes aux Pays-Bas et à l’étranger, notamment dans le quartier de Tepito à Mexico, à Téhéran en Iran, dans le quartier Hudson à New York, à Ciudad Juarez à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, à Bakou en Azerbaïdjan, et maintenant donc dans la médina et le centre historique de Tanger au Maroc.
Accompagnez-nous sur les pavés de la médina et découvrez les vies qui se sont touchées mutuellement.

JE SUIS ICI PARCE QUE TU Y ES | les ateliers + la recherche

Au cours de l’atelier, les acteurs et les artistes sont immergés dans la méthodique et dans leurs vies mutuelles. Avec tout leur bagage, ils montrent à l’autre qui ils sont. Au cours d’un entretien permanent, ils se soumettent mutuellement à un véritable interrogatoire

Des questions telles que « Pour qui ou pour quoi te lèves-tu le matin ? », « As-tu déjà été considéré(e) comme une personne étrangère ? » et « As-tu la maîtrise de ta propre vie ? » invitent à engager une conversation d’individu à individu, au-delà des différences. La question « Dans le giron de qui voudrais-tu laisser reposer ta tête ? » fait l’objet d’un exercice et dans cet état de sécurité confiante, les participants sont disposés à accueillir leurs adoptions.

LES ADOPTIONS | les couples se présentent

comédien + habitant
Autour de l’échoppe de Mohammed dans le Petit Socco tout est petit : la place du marché, Mohammed lui-même et les peintures qu’il réalise.

Ses miniatures, sur lesquelles on voit une infinité de gens sur des bateaux, représentent le désir de partir. Ce que ni Mohammed, ni Abdelghani n’ont jamais fait, bien qu’ils en aient eu la possibilité. Ils ont voulu rester là où étaient leurs racines – la source de leur créativité. La responsabilité que les deux hommes ont dû supporter en conséquence, a refoulé l’enfant en eux. C’est là qu’ils se sont trouvés et, pendant leur rencontre mise en scène, ils ont laissé l’enfant jouer de nouveau.

comédien + habitante
Autrefois mariée à 15 ans, encore enfant, elle est aujourd’hui une femme seule divorcée. Nadia vit avec sa plus jeune fille dans un bâtiment qui tombe en ruine. C’est là qu’Hamza est venu s’installer.

Un univers qu’il reconnaît comme étant l’univers féminin de sa mère et de ses sœurs. Il veut vivre son homosexualité au grand jour, et aussi avoir un jour des enfants, lorsque les lois changeront au Maroc. Nadia ne pense pas que les lois vont changer, bien que ce soit les gens qui les fassent, comme le dit Hamza. Nadia pense pourtant qu’Hamza trouvera la bonne voie avec l’aide de Dieu. « Veux-tu dire que je fais fausse route ? », demande Hamza, « Parce que ce n’est pas ce que je ressens : c’est la voie que je dois suivre. »

comédien + habitante
Foulma apprécie le fait qu’Amine n’a aucunement critiqué son désir d’aller en Europe.

Elle est en effet en transit depuis la Guinée, et doit s’entendre dire chaque jour que son rêve d’Europe n’a aucun sens. Mais ce sont les conseils de gens qui, eux, ont tout. Ils n’ont pas à supporter chaque jour les regards de désapprobation ni la discrimination. À cause de leur couleur, comme Foulma. Ou à cause de leur identité sexuelle, comme Amine. Comme ils ont eu si souvent à affronter un rejet dans leur vie, ils en ont fait un exercice. Ils ont marché ensemble doucement pendant des heures dans la médina en affrontant les regards. Dans leur scène, ils racontent que ces regards devenaient même plus pesants en raison du couple qu’ils formaient, une femme noire et une personne queer.

comédien + habitant
« Comment puis-je, moi, Abdelkader, interroger Fawzi ? » Ils vivent chacun dans des milieux très éloignés l’un de l’autre. Pourtant, il s’est révélé que Fawzi, bohème et instruit, et Abdelkader, musicien Gnaoua, avaient suffisamment de choses en commun.

IMais il a fallu un certain temps pour cela. Par respect pour Fawzi, Abdelkader attendait que celui-ci commence en tant qu’acteur, et Fawzi s’arrêtait de raconter, parce qu’il attendait une question d’Abdelkader. Jusqu’à ce que tous les deux se taisent. Nous, leurs collègues, en avons été témoins avec une certaine jalousie, parce qu’aussi difficile qu’elle fut, cette rencontre était une parfaite réflexion de l’autre. Ils se chamaillaient comme un vrai couple, et c’est déjà tout un art ! Leur entêtement mutuel s’est exprimé en musique et dans un jeu, le Parchis. Nous avons tous été émus par ce que ces hommes ont été capables d’atteindre ensemble.

comédien + habitant
L’atelier d’Abdellah El Gourd est recouvert de vieilles affiches de spectacles qu’il a eu l’occasion de donner avec les grands de ce monde.

Le maître de la musique Gnaoua est une légende au Maroc et bien au-delà. Il est assis sur son trône tel un Bouddha et diffuse sa sagesse et son expérience par l’intermédiaire de sa musique. Il offre un lieu sûr : tout le monde est bienvenu chez Abdellah et libre d’être qui il, elle ou on est. Ghassan a trouvé dans Abdellah son adoption idéale. Il recherchait depuis un certain temps un maître qui le ferait renouer avec ses racines Gnaoua grâce à la musique, un héritage qui coule dans ses veines et lui vient de son père. Ghassan a été invité à partager la richesse de cette tradition et, tout en jouant, à l’exposer au grand jour. Si vous cherchez Ghassan à Tanger, allez à l’atelier d’Abdellah!

comédien + habitant
Rachid est assis au bord du trottoir, dans la rue où est installée la compagnie Darna. Il est entouré d’enfants qui sniffent de la colle. C’est là qu’il travaille.

Il a étalé ses marchandises – cigarettes, ciseaux à ongles, mouchoirs – sur une petite caisse et s’efforce de faire vivre sa famille avec son modeste commerce. Il en est satisfait. Hamza est ému et bouleversé par « l’être » de Rachid. Hamza emprunte un peu de sérénité à Rachid, qui l’observe tout en se taisant, avec un léger sourire. Le comédien ressent un trouble et une frustration. Il a fait des études, participé à la vie politique locale et préparé des examens officiels, mais il n’a pas encore connu le succès : « J’aurais peut-être mieux fait de vendre des babioles sur une caisse. Je voulais rester pour investir dans mon pays, mais je me demande maintenant si c’était une bonne décision. ».

comédienne + habitant
Ce que Junior désire le plus, ce n’est pas de poursuivre son voyage vers l’Europe, mais d’obtenir ses papiers au Maroc pour pouvoir dire adieu à sa vie en tant qu’illégal.

Il a quitté son pays natal, le Cameroun, et n’a plus vu sa mère depuis six ans. Fedwa vit aussi sans sa mère. Celle-ci est morte, et Fedwa a dû créer et choisir sa propre famille. Elle a pris ses distances avec le reste de sa famille et conseille à Junior d’en faire autant. Quand ils vont ensemble prendre un café, ils sont confrontés aux mêmes regards qu’Amine et Foulma. Mais pour Fedwa, ils ont une autre signification, puisqu’ils la voient comme une femme marocaine aux côtés d’un homme noir. En tant qu’écrivain féministe, elle a en horreur ce que ces regards expriment : « Qu’est-ce que tu fais avec un noir ? Tu es à nous. » Dans leur scène, on réalise que c’est justement ce qui les relie le plus fortement.

comédienne + habitante
Sekaya signifie « aller chercher l’eau ». Quand elle était jeune à la campagne, se rendre jusqu’à la source, c’était accéder à la liberté.

En n’étant plus sous le contrôle de son foyer, elle pouvait être elle-même et parler avec qui elle voulait. Comment peut-on en tant que femme conserver son autonomie dans une société conservatrice ? Khadidja – artiste plasticienne qui a fait des études et s’intéresse à la politique – rencontre Zohra, originaire d’une famille paysanne, croyante et pratiquante. Depuis des années, Zohra donne des leçons de tissage à des femmes dans le cadre de Darna, pour leur procurer une indépendance économique. Très différentes en apparence, les deux femmes ont dû mener la même lutte pour obtenir leur autonomie. Elles dansent pour se libérer et nomment leur scène « Sekaya ».

comédienne+ habitante
Margaritta est une nomade de la Méditerranée. En tant que Juive d’origine italienne, elle s’est installée il y a 15 ans à Tanger, une ville dont elle sait bien plus de choses que les Tangérois eux-mêmes.

Sarah s’installe confortablement chez elle comme un écho au tableau accroché au-dessus du canapé de Margaritta dans son superbe appartement. L’énergique psychanalyste à la retraite et la jeune actrice trouvent un terrain d’entente dans la force de l’art et se perdent l’une l’autre juste le dernier jour. Sarah joue la scène seule, sans Margaritta, qui est tombée malade. Un solo rayonnant.

comédien + habitant
Est-ce que tu me vois ? Quand Zouheir marche dans la rue, il ne s’écoule pas beaucoup de temps avant que des gens demandent à faire un selfie avec lui. Il est connu par la télé. Mais en quoi consiste cette visibilité ? Et est-ce que les gens vous voient vraiment ?

Est-ce que tu me vois ? Said se sentait coupable du décès de son frère jumeau à leur naissance et de la stérilité consécutive de sa mère. C’est pour cela qu’il est resté pour s’occuper de sa famille quand son père est mort. Comment peut-on jouer un rôle significatif dans la société marocaine ? Zouheir en Said se demandent tous deux : Est-ce que tu me vois ? Comment garder la tête hors de l’eau, avec toutes les responsabilités qu’il faut assumer ? Zouheir et Said se voient l’un l’autre avec sincérité, et le communiquent à leur public. Ils nous donnent à réfléchir avec ces mots.

واش مكنبانش ليك؟

NOUS CÉLÉBRONS TANGER DANS TOUTE SA GRÂCE | en route vers la présentation dans la médina

Tout est coordonné et exécuté avec une discipline quasi militaire. Dans le cadre d’une présentation théâtrale de deux heures, les acteurs amènent le public invité – chaque participant et les membres de l’organisation ayant pu inviter des spectateurs – visiter les dix maisons d’adoption. Là, les couples formés de dix artistes et de dix résidents de la médina expriment leurs vies partagées sous forme de représentation à caractère performatif et musical.

UN GRAND MERCI | nos complices

À toutes ces personnes fantastiques qui ont rendu possible cette aventure et que nous avons pris en affection :

Nos partenaires locaux Mounira Bouzid El Alami et Abdelghani Bouzian de Darna. Hamza Boulaiz de Spectacles pour tous.Tous les superbes et courageux exécutants Abdelghani Bouzian, Hamza Boulaiz, Ghassan el Hakim, Fedwa Misk, Amine Naouni, Zouheir ait Benjedddi, Hamza Alouakouli, Khadija Tnana, Sarah Sefiani en Faouzi Essafi. L’important dévouement des Tangérois, qui ont ouvert leurs portes et leurs cœurs Nadia, Abdellah, Zohra, Abdelkader, Rachid, Said, Foulma, Mohammed, Junior et Margaritta pour leur enthousiasme et leur vulnérabilité inconditionnelle. Car à chaque fois, lors de telles rencontres, il y a aussi des moments déchirants et douloureux. Nous ne pouvons que saluer le fait d’avoir su garder une ouverture d’esprit justement à ces moments-là, su maintenir le contact, oser se voir refléter et suivre ce nouvel ami qui ne s’est pas contenté de faire rire, mais aussi de faire pleurer

Ce rêve ne serait jamais devenu réalité sans le soutien de lAmbassade des Pays-Bas au Maroc. 

– Myriam, Leendert, Lauren, Adelheid, Female Economy

contenu

1. état d’être | MYRIAM SUR SA TERRE NATALE 
2. en adoption | ACCOMPAGNEZ-NOUS DANS LA DIVINE TANGER